Traumatisme intergénérationnel - La souffrance en héritage

Le traumatisme est avant tout connu d'un point de vue de l'expérience individuelle. Pourtant, il est parfois le fruit d'une transmission qui s'est faite d'une génération à l'autre. c'est à dire que la personne peut continuer à vivre les séquelles d'un traumatisme survenu pendant l'existence de ses parents, grands-parents ou même avant.

C'est le cas par exemple de familles qui ont été touchés par la guerre, des tortures, des agressions graves, un viol... et qui ensuite ont gardé le silence (souvent pour ne pas réveiller la souffrance intenable que les souvenirs pourraient produire) et ont tenté de continuer une vie "normale". Bien que (ou justement par ce que) les mots ont manqué pour libérer la personne du traumatisme, il se transmet insidieusement à la famille et donc aux enfants qui à leur tour, "portent" une souffrance sans savoir à quoi elle est rattachée; et cette souffrance peut avoir des incidences plus ou moins graves dans leur existence : sentiment d'indignité, honte maladive, culpabilité envahissante, prises de risques inconsidérés, tendances suicidaires, addictions, désir de mort...

L’American Psychological Association  (2023) définit le traumatisme intergénérationnel comme « un phénomène dans lequel les descendants d’une personne qui a vécu un événement terrifiant présentent des réactions émotionnelles et comportementales négatives à l’événement qui sont similaires à celles de la personne elle-même ».

La transmission intergénérationnellle peut aussi concerner des comportements (alcoolisme, violence) ou encore des blessures émotionnelles (dissociation, abandon, carence affective) qui de la même manière vont se transmetttre à la génération suivante qui héritera donc de ces manques ou dysfonctionnements graves.

Bien sûr, cet héritage sera influencé par d'autres factuers, liés à l'environnement de la personne, sa personnalité et sa vie sociale. C'est pourquoi dans une fratrie, les enfants ne vivent pas de la même manière et avec autant d'intensité cet héritage du passé.


 

Etant donné qu'il y a transmission inconsciente d'une génération à l'autre, il faut que le cycle soit rompu et le moyen le plus efficace est de réussir à porter à la conscience ce vécu traumatique et ainsi rendre visible ce qui était invisible, établir les liens entre les manifestations (symptômes) du traumatisme et les faits originaires.

C'est souvent un membre de la famille qui met au jour ce schéma répétitif et tente de le partager avec les siens, mais l'inconscient peut continuer à agir puissamment et "empêcher" d'autres membres d'accéder à cette même découverte. 
C'est pourquoi les personnes qui révèlent ce traumatisme intergénérationnel peuvent se sentir incompris, mal reçus ou même accusés de "remuer la sombre histoire familiale sans raison".
 

Il faut du courage à celui ou celle qui décide de vivre cette libération qui implique une rupture avec le passé. C'est un travail souvent long et semé d'embûches, mais qui en vaut la peine dans la mesure où il mène à une vie plus légère et libre, plus heureuse...

Est souvent associé à ces traumatismes des deuils, des pertes et une forte culpabilité (d'avoir survécu par exemple). C'est pourquoi, il sera important de travailler sur ce deuil et s'autoriser à le vivre jusqu'au bout; même s'il concerne une autre génération que la sienne.

Une psychothérapie sera souvent nécessaire pour dépasser ces mécanismes inconscients et le faire dans un environnement suffisamment sécure et bienveillant qu'il ne constitue pas une trop grande menace de résurgence du trauma et son flots de souffrances inhérentes.
Parfois, une personne consultera pour un motif qui le concerne (syndrome d'anxiété généralisé, addiction, envie de mourir inexpliquée...) et dans la recherche des causes, pourra remonter jusqu'à la ou les générations(s) précédente(s).

Merci à Manava de mettre en évidence un phénomène encore mécoonnu du grand public.