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SELFIES : sommes-nous tous narcissiques ?

Comprendre et baliser l'usage des selfies chez les ados




Il est devenu banal aujourd’hui de se prendre soi-même en photo, comme si ce geste était des plus naturels. Nous immortalisons des images de nous-mêmes pour ensuite les partager, les montrer aux proches ou au monde… Selon le titre d’un ouvrage récent, qui questionne l’intention qui se cache derrière cette mode des selfies, nous pouvons nous demander s’il n’y a pas un excès d’égocentrisme et si oui, quel peut en être le risque ?



Image de soi et narcissisme

L’image de soi-même est en constante évolution, elle est sujette à beaucoup d’interprétations, très subjectives qui l’embellissent ou la ternissent selon la perception que l’on en a. Cette image de soi est en construction depuis notre tendre enfance et passe par l’acceptation de l’image de son corps, même si elle ne se limite pas à cela. C’est de cette image du corps dont il est question dans les selfies, cette image que nous renvoyons aux autres, la partie « visible » de ce que nous sommes.

Nous donnons beaucoup d’importance à cette apparence, qui que nous soyons. Mais pour certains d’entre nous, cette importance est plus accentuée pour diverses raisons. C’est le cas des adolescents qui sont en pleine phase de construction identitaire mais aussi pour un certain nombre d’adultes qui cherchent, au travers cette image extérieure qu’ils donnent d’eux-même, à se rassurer ou encore à se valoriser pour se sentir mieux.

A quoi servent les selfies ?

Si l’on devait décrire ce qu’est un « selfie » d’un point de vue psychologique, on verrait tout d’abord, qu’il n’y a pas un mais plusieurs type de selfies.
  • Il y a des selfies informatifs  qui ont pour but d’informer ses proches de ce que nous faisons, ou encore du lieu où nous passons nos vacances.
  • Il y a les selfies type « book » qui nous mettent en scène dans certaines situations ou avec certaines personnes mais sont soigneusement choisis, quasiment chorégraphiés, et parfois même (on le voit beaucoup chez les adolescents) accessoirisés et retouchés pour un meilleur rendu. Le but de ces selfies est de produire une « belle photo » qui met en valeur celui qui est dessus et de contrôler l’image que l’on donne à voir aux autres . Il s’agit ici beaucoup plus de montrer l’image idéale de soi-même avec une intention à peine cachée derrière de « séduire » ses « amis ».
  • Dans un dernier cas, on peut considérer qu’un troisième type de selfie a pur but de donner aux autres une autre image de soi-même que celle qui est « réelle » : c’est à dire que l’image reflétée dans les selfies est éloignée de la « vraie vie » et parfois même montre l’opposé. Par exemple : une mère qui se montrerait grand sourire avec des enfants radieux, alors qu’au quotidien, elle s’en désintéresserait et se sentirait désemparée. Cet exemple est bien sûr extrême mais il existe et se comprend d’un point de vue psychologique : il est parfois insupportable de se « voir » sous certaines facettes de notre vie et de notre personnalité.
 
On préfère alors se cacher derrière de beaux atours se leurrant nous mêmes sur notre véritable identité, et préférant nous complaire dans l’illusion d’une illusoire perfection.
 
Cette particularité toute humaine, est particulièrement développée chez des personnes ayant une fragilité psychologique; que l’on peut également appeler une « faille narcissique ». Dans ce cas, il y un certain excès de l’usage des selfies.

La pratique peut devenir envahissante : on se photographie en toute situation « valorisante », on « scénarise » pour mettre la photo à son avantage, on peut même passer plus de temps à échanger virtuellement avec les « amis » de sa vie virtuelle que ceux de sa vie réelle.

C’est dans ce cas de figure que le selfie peut devenir problématique dans la mesure où il coupe en quelque sorte la personne d’une vie sociale authentique et l’enferme dans un rôle qui n’est pas sa vraie identité. Elle peut d’ailleurs par la suite avoir du mal à revenir à sa « vraie identité », préférant pour ses bénéfices, la vie sociale « d’apparence »  que celle, plus cruelle de la « vraie vie ».

Y a-t-il des risques d’excès concernant l’usage des selfies ?

Les selfies, suivant la manière dont ils sont utilisés, peuvent tout d’abord alimenter une certaine forme de nombrilisme et d’exhibitionnisme, particulièrement exacerbés par notre société; ce qui nourrit l’égo et un narcissisme étriqué au détriment d’une plus grande ouverture aux autres et une vie sociale plus mature.

Depuis quelques années un nouveau terme est même apparu pour désigner un trouble mental lié au fait d’être complètement dépendant des selfies. Cette réalité est prise au sérieux à un tel point que des études ont été lancées pour établir plus précisément les caractéristiques de ce qui est d’usage maintenant d’appeler la « selfitis ». 3 « types » ont été identifiés séparant ceux qui se prennent en photo au moins 3 fois par jour sans les partager, ceux qui publient sur les réseaux sociaux et ceux qui sont complètement addicts et ne peuvent se passer de selfie pour se sentir bien au quotidien.
Ces troubles permettent de mettre en évidence le caractère dangereux des selfies s’ils sont utilisés sans modération et nous rappellent que comme dans beaucoup de situations, l’excès est synonyme de mal-être qui doit donc toujours nous alerter.
 
Concernant les adolescents, le risque majeur consiste à plus se perdre que se trouver au travers ces selfies qui seront partagés avec d’autres « amis » pas toujours aussi bienveillants qu’ils le souhaiteraient. En effet, s’ils sont sensibles au regard des autres et en attendent de la reconnaissance et du soutien, il se peut que le regard soit plus sévère, jugeant et même dénigrant. C’est dans ce cas, que les torts sont les plus graves.
 
Car l’adolescent étant plus sensible qu’à un autre âge à ce que pensent les autres, il est aussi plus vulnérable quand ce regard devient cruel et méprisant.

Comment cela se traduit-il concrètement
Il se peut qu’il reçoive par exemple des commentaires à une photo qu’il a publié sur son journal qui peuvent être moqueurs, dénigrants ou encore, beaucoup plus subtils, s’il a l’habitude de recevoir un certains nombre de « réactions » à un « post » (une image qu’il publie) et que pour l’une, il n’en reçoit très peu, il pourra interpréter cette absence de réaction comme de la désapprobation de la part de ses « amis » (qui, rappelons-le sur les réseaux sociaux, n’en sont pas tous !) et en ressentir une certaine forme de « rejet ». Le terme peut paraitre fort et disproportionné, mais quand on sait que pour certains adolescents, encore immatures du point de vue identitaire, le regard des autres prime par rapport au leur, on comprend mieux comment ils peuvent osciller facilement dans leur estime d’eux-mêmes en fonction des retours qu’ils reçoivent sur leurs selfies.

Quand cela arrive donc, l’adolescent va interpréter les réactions (ou non-réactions) des autres à de l’indifférence, ou pire un rejet; ce qui peut occasionner de véritables angoisses chez les plus sensibles et les mettre en réelle difficulté dans leur confiance en aux-mêmes.
Une autre problématique importante à l’adolescence a rapport avec l’intime et concerne encore les selfies qui vont être partagés (ils le sont la plupart du temps) sur les réseaux sociaux.
L’adolescent ne mesure pas toujours clairement la frontière entre l’intime et le public et s’expose parfois naïvement à des situations qui peuvent lui coûter cher.

Par exemple, autant dans la vie réelle, on peut se prendre en photo lors d’une soirée pyjama entre copines et se voir donc à ce moment en tenue de nuit, sans que cela relève de l’indécence; autant il serait tout à fait inconcevable de venir à l’école en pyjama pour des raisons évidentes. L’expérience que l’adolescent fait sur les réseaux sociaux qu’il utilise souvent de chez lui, lui donne, à tort, l’impression d’être encore dans une certaine forme d’intimité avec ceux avec qui il communique. Mais il oublie parfois que certains d’entre eux seront invités à la soirée pyjama car ils font partie du cercle proche des « intimes »; alors que d’autres resteront des camarades de classe qu’il ne côtoiera qu’avec une certaine distance dans les couloirs de l’école. Le résultat pourrait donc être à peu près le même que s’il était involontairement déposé à l’école en pyjama au vu de tous, s’exposant ainsi à leur opprobre.
 
C’est cette nuance, particulièrement importante qu’il est indispensable d’expliquer aux adolescents pour les prémunir d’expériences qui peuvent s’avérer humiliantes et douloureuses pour lui.

Ces ados qui raffolent de selfies

Pour les adolescents très friands de selfies, l’enjeu est important. Il sont en pleine construction identitaire, se cherchent , tentent de mieux se connaître. Pour se faire, le regard des autres devient un miroir qui leur permet d’apprendre  à mieux se connaitre d’une part, mais aussi à estimer leur valeur personnelle auprès de leurs pairs, puisque c’est bien à eux que les selfies sont destinés.
 
Les adolescents se mettent donc en scène également dans des situations sur lesquelles ils ont envie de passer des messages.

Se prendre au milieu d’un groupe d’amis pour montrer (et « se rassurer ») qu’il sont capables d’avoir des amis, et ont donc suffisamment de valeur pour être appréciés et acceptés.

Les adolescents au travers de selfies vont aussi communiquer leurs états d’âme en en y ajoutant  leur « humeur » justement, ou en agrémentant la photo d’un commentaire encore plus explicite. Partager cet état d’âme est un besoin pour eux : ils en espèrent un soutien, de la compréhension et en attendent souvent des marques d’affection qui se matérialiseront par des commentaires solidaires ou des réactions imagées (émojis).    
 

Pour aller plus loin



Rédigé par Nathalie Colin-Fagotin, Lu 476 fois






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